Le roi Sargon II et un haut dignitaire
Khorsabad (Irak), 721-705 av. J.-C.
Albâtre gypseux
Département des Antiquités orientales, AO 19873-4
« Sire,
M’accompagnerez-vous cette nuit dans les galeries du Louvre désertées par nos chers visiteurs ? Je vous y montrerai les portraits de certains souverains locaux…
Aucun, Sire, ne peut rivaliser en beauté avec vous. Certes, il s’en trouve portant bijoux, dentelles et perruque volumineuse, mais aucun qui ne puisse s’approcher de votre prestance. Vous êtes l’incarnation parfaite de la virilité assyrienne, celle des hommes de Mésopotamie, entre Asie et Méditerranée.
Je reconnais certes que le type grec ou le type romain ne manquent pas de séduction, avec leurs proportions parfaites, leurs muscles lisses ou leur air de gravité qui sied aux hommes d’un rang élevé dans la société. Rien de comparable toutefois pour moi à la majesté qui se dégage de votre personne.
Je suis si fier de nos coiffures et de nos barbes qui s’épanouissent en boucles serrées jusqu’à notre poitrine. Elles l’ornent bien mieux que le plus beau collier pectoral et en disent plus sur notre puissance que l’épée que nous portons à notre côté.
Nous en prenons, il est vrai, grand soin à renfort d’huiles parfumées, de baumes et d’onguents fort coûteux puisqu’il nous en faut souvent importer les matières premières des rives de la Méditerranée.
Cyprès, myrte, buis, genévrier, caroubier, menthe, euphorbe ou myrrhe macérés dans l’huile d’olive ou de sésame, parfois même dans de la bière, sont autant de senteurs qui nous permettent de rendre hommage aux dieux et d’affirmer notre pouvoir sur les hommes. D’ailleurs, il semblerait que nos traditions perdurent : avez-vous remarqué que certains de nos visiteurs portent eux aussi barbe abondante et moustache soignée ? »