Sarcophage des époux : couple sur un lit de banquet
Cerveteri (Etrurie, Italie), 520-510 av. J.-C.
Terre cuite
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Cp 5194.1
LA FEMME : Voulez-vous vous joindre à nous ? Venez…
L’HOMME : Les banquets étrusques sont les meilleurs, vous savez. Les Grecs se moquaient de nous, ils disaient que nous n’aimions et ne faisions que cela.
LA FEMME : Ils ont même inventé un mot, la « truphè », pour décrire notre soi-disant mollesse.
L’HOMME : Ils étaient jaloux, je crois.
LA FEMME : Incapables de comprendre notre art de vivre !
L’HOMME : Nous, nous sommes intéressés à nos voisins et nous avons recherché le meilleur partout, chez les Gaulois, les Phéniciens…
LA FEMME : J’aurais bien versé quelques gouttes de ce parfum égyptien que tu aimes tant au creux de tes mains, mais mon alabastre, ce petit vase à parfum que je tenais, a disparu…
L’HOMME : Les Grecs jugeaient nos mœurs dépravées…
LA FEMME : Et pourquoi ? Parce que nous épilons nos corps tous les deux ? Parce que nous participons, maris et femmes, aux banquets ? Parce que nous tressons et frisons nos cheveux ?
L’HOMME : Parce que je teins les miens en blond ? Que je prends soin de ma barbe et de ma moustache ? Parce que j’aime m’accouder sur cette outre de vin que nous allons boire ensemble ?
LA FEMME : Parce que je me farde, que les étoffes de mes vêtements sont douces et chatoyantes ? Parce que mes bijoux sont précieux ? Mince ! J’ai perdu mes boucles d’oreilles, je n’ai plus que mon collier !
L’HOMME : Non, je vais te dire ce qu’ils ne supportaient pas, les Grecs : c’est que pour nous, les femmes et les hommes sont égaux.
LA FEMME : Tu as raison, c’est que nous soyons enlacés et souriants sur ce sarcophage, apprêtés l’un comme l’autre pour l’éternité et fiers de notre beauté…