Buste de Ummayat, fille de Yarhai
2e siècle après J.-C.
Calcaire
Département des Antiquités orientales, AO 2196
« Passant qui me voit figée dans le calcaire de Palmyre, accorde-moi un regard de compassion. Je n’ai pas toujours été ainsi, mon corps était plein de vie. Je porte la main à ma joue en éternel regret de ce qui fut.
Moi, Ummayat, fille d’Haryat, je peux te raconter tant d’histoires. J’habitais une cité superbe et prospère, à la croisée de l’Empire de Rome, à l’Occident, et de celui des Parthes, à l’Orient. D’innombrables caravanes y apportaient tous les trésors que j’utilisais dans ma quête quotidienne de beauté. Les parfums les plus subtils et les perles qui ornent mon cou venaient de l’océan Indien, mes voiles étaient de soie légère, venue des confins de la Chine ou de l’Afghanistan.
Vois ma fibule, cette broche à tête de lion, qui retient mon manteau, et les joyaux qui ornent mes oreilles. Vois le bandeau richement ouvragé qui habille mes cheveux coiffés en si élégantes torsades.
Hélas, je ne suis plus. De ma superbe, il ne reste que le regard que tu porteras sur moi. De ma ville, il ne reste que des vestiges. Souviens-toi que des hommes sont morts pour défendre Palmyre la belle bien longtemps après que ma voix s’est éteinte dans le désert de Syrie. Souviens-toi qu’en tout temps, en tous lieux, il faut protéger la beauté toujours éphémère, celle des êtres et celle des choses, car elle est une part essentielle de notre humanité. »