Hermaphrodite endormi
D'après Polyclès ? (actif en Egypte à Alexandrie vers 150 av. J.-C.)
Découvert près des thermes de Dioclétien à Rome (Italie)
2e siècle ap. J.-C. ?, d'après un original grec créé vers 150 av. J.-C.
Marbre grec
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Ma 231
« Vous croyez que je ne vous vois pas, mais vous vous trompez. Voici plus de 2 000 ans que l’on me tourne autour, tantôt amusé, tantôt fasciné. En ai-je entendu, des murmures d’admiration, des rires et des chuchotements étonnés !
Histoire singulière que la mienne. Deux dieux m’ont engendré. Mon père est Hermès, l’ami des hommes à qui il donna, entre autres, l’écriture et la danse. Ma mère est la belle Aphrodite, la déesse de l’amour. Mon nom, Hermaphrodite, rappelle cette divine ascendance. Rançon d’une gloire venue malgré moi, il est maintenant un nom commun qui désigne les personnes qui présentent à la fois des caractères sexuels masculins et féminins.
Je ne suis pas né comme ça. Avant d’offrir à votre vue ce corps aux courbes fluides appelant la caresse, je fus un jeune homme à l’incomparable beauté. Si beau qu’un jour, alors que je me baignais nu dans un lac, une naïade s’éprit de moi, d’un amour aussi soudain que brutal. M’étreignant de force, elle supplia les dieux de l’unir à moi pour l’éternité.
C’est ainsi que me voici, alangui devant vous, pleinement homme et souverainement femme. Que suis-je ? Comment tracer la frontière entre féminité et masculinité ? Existe-t-elle, d’ailleurs ? Mon corps est là pour placer l’Humanité devant cette question qui traverse les âges.
Mon genre est le genre humain que ma beauté singulière reflète dans toute sa complexité et sa diversité. Et vous, qu’en pensez-vous ? »