Cuiller en forme de nageuse tenant un canard

Œuvre non visible - Salle fermée

Cuiller en forme de nageuse tenant un canard

00:0000:00

1390-1352 av. J.-C., Egypte 

Bois et ivoire

Département des Antiquités égyptiennes, E 218

« Il y a des questions qui paraissent anodines, mais personnellement, je les trouve redoutables, comme : Qui êtes-vous ? Et que faites-vous dans la vie ? 

Je ne sais jamais quoi répondre ! Ou alors j’ai plusieurs réponses qui me viennent en même temps et ce n’est pas ce qu’on attend de moi.

Là, par exemple, j’ai envie de vous répondre que je suis une très jeune fille qui nage nue, fière du galbe de son corps juvénile. Je suis très à l’aise car la nudité n’est pas un tabou en Égypte antique. En revanche, il est hors de question que je nage sans maquillage et sans perruque. Et si je tiens ma tête bien droite, hors de l’eau, c’est pour les préserver coûte que coûte.

Je pourrais aussi vous répondre que je suis le manche d’une cuiller à fard. Et je me tiens ainsi, un peu raide, pour faciliter la prise tout en glissant mes mains sous ce canard à tête blanche dont je suis inséparable car il sert de godet. 

Attendez, ce n’est pas fini ! Je pourrais répondre encore que je suis le manche non pas d’une cuiller, mais d’une boîte, car les ailes du canard forment un couvercle à ce réceptacle. Sans doute pour conserver le fard quelques heures ou quelques jours, car nous mélangeons nos pigments, sulfure d’antimoine ou galène, aux corps gras à la dernière minute.

Encore une et, promis, j’arrête ! Je pourrais répondre que je ne vois pas pourquoi on m’appelle cuiller à fard alors que je n’ai jamais servi à fabriquer le moindre produit de maquillage. Aucune trace sur moi. J’ai dû appartenir à un défunt ou être un objet votif, mais je ressemble à tant de cuillers à fard utilisées par les vivants qu’on me désigne ainsi.  

J’aurais peut-être dû vous parler du khôl noir et du khôl vert utilisés par tous les Égyptiens, hommes, femmes, enfants, riches, pauvres, ou bien de tous les autres ustensiles de beauté indispensables… Oui, oui, je sais, j’ai promis. Je me tais… »

Sélectionnez votre langue

Select your language