La princesse Néfertiabet devant son repas
Trouvé dans le cimetière de Giza
Règne de Kheops (2590-2565 av. J.-C.), 4e dynastie
Calcaire peint
Département des Antiquités égyptiennes, E 15591
« Je vous parle depuis le royaume des morts… La stèle où vous me voyez vient de mon tombeau à Giza, près de la pyramide du pharaon Khéops, dont j’étais une parente…
Vous vous étonnez de voir mon buste de face tandis que mon visage et mes jambes sont sculptés de profil ? Mes pieds vous semblent trop longs ? J’ai deux mains gauches et mon visage vous paraît impersonnel ? N’allez pas croire que nos artistes étaient dénués de talent. C’étaient des virtuoses au contraire, mais ils respectaient un code de représentation et donnaient vie à chacun par le nom qu’ils inscrivaient sur chaque œuvre. J’existe par mon nom, accolé à ma représentation. Je m’appelle Néfertiabet, ce qui veut dire « la belle de l’Orient », et j’ai vécu il y a 4 600 ans.
D’ailleurs, sur cette stèle, tout est codé, mais c’est grâce à ce qui s’y trouve que je survis dans l’au-delà. Sur la table, on présente ce que je peux manger et boire : tranches de pain, cuisse de gibier, pot de bière… Mais les nourritures terrestres ne me suffisent pas et, dans la vie éternelle, j’ai tout autant besoin de ce qui se trouve au-dessus de la table : des étoffes, des onguents, de l’encens, des poudres et de l’huile pour préparer le khôl noir et le khôl vert avec lesquels j’étire la ligne de mes yeux et prolonge mes sourcils.
Jusqu’à aujourd’hui, vous utilisez vous-mêmes toutes ces recettes de beauté pour vous embellir et vous parfumer. Pour ma part, elles me protègent aussi, des maladies, du soleil, du vent et peut-être même, par magie, des mauvais coups du sort, pour l’éternité. »