L'Européenne
Antinoé, 100-150
Cèdre, peinture à l'encaustique
Département des Antiquités égyptiennes, MND 2047
« On m’appelle « L’Européenne », mais en réalité, ma beauté enjambe les siècles et réunit les empires. Rome, Grèce, Égypte… je suis l’enfant de tant de traditions mêlées et de tant d’héritages !
Vous me voyez telle que je fus.
Je voudrais remercier mon peintre. Il a réalisé ce portrait de mon vivant, avant qu’il ne soit positionné à l’endroit de mon visage, sur ma momie.
J’ai tant aimé le voir user de certains des produits qu’utilisaient mes servantes pour préparer mes cosmétiques et utiliser ses propres pigments afin de représenter ma beauté :
Noir de fumée pour maquiller mes yeux et mes épais sourcils, symbole de pureté et d’intelligence ; craie broyée pour la neige de ma peau, révélant à tous mon existence privilégiée, bien à l’abri des assauts du soleil ; garance pour souligner l’éclat du rubrica, cette terre rouge brique qui donne à mes lèvres et à mes joues tout l’éclat de la vie ; ocre jaune pour imiter la poudre de safran qui éclaire mon teint.
Noir, blanc, rouge, jaune : ces quatre teintes ornent tous les portraits retrouvés, comme le mien, dans le Fayoum égyptien.
Ces couleurs m’accompagnent dans la vie comme dans la mort, rehaussées d’or, afin de faire briller l’épingle qui retient mes cheveux tirés en arrière. Ainsi parée, je me sens prête à traverser les siècles dans l’armure glorieuse et protectrice de ma beauté. »