Portrait de Jan van Wassenaer (1483-1523), vicomte de Leyde
D'après Jan Mostaert (Haarlem, Pays-Bas actuels, vers 1475 - Haarlem, vers 1555-1556)
Vers 1510-1525
Huile sur bois
Département des Peintures, MI 802
« Quelle ironie du sort d’être au Louvre aujourd’hui !
Toute ma vie durant, j’ai combattu la France aux côtés de mon Empereur, Maximilien de Habsbourg, et pour finir, voici mon portrait encadré dans le palais des rois de France !
J’ai survécu à tant d’épreuves ! J’ai passé deux ans aux mains de Charles de Gueldre qui me fit pourrir dans une cage à la poulie de son château. J’ai souffert des quolibets de la foule à laquelle il me livrait. Pour défier l’adversité, je détournais le regard et fixais l’horizon, comme je le fais aujourd’hui.
Gloire à la Vierge dont je porte la médaille au revers de mon béret ! Et gloire à mes ancêtres dont la striure de mon gant laisse voir la chevalière ! Moi, Jan van Wassenaer, je pose pour la postérité, plus fort et plus fier que jamais !
Pour mon dévouement, mon maître me fit chevalier de l’Ordre de la Toison d’or. Rien n’a plus d’importance à mes yeux. C’est pourquoi son emblème, la peau d’or du bélier, brille au centre de mon pourpoint noir.
Je n’ai pas honte de la balafre que les armées de Louis XII m’infligèrent au siège de Padoue, m’arrachant sept dents au passage.
Je crois que toute personne doit savoir montrer ses cicatrices. La mienne suggère ce que j’ai traversé, laisse entrevoir ce que j’ai surmonté et me révèle tel que je suis.
Elle m’est encore plus chère que ma toison. Elle est le trésor de mon âme, elle me grandit et me rend beau. »