Sainte Marie Madeleine
Gregor Erhart (Ulm, vers 1470 - Augsbourg, 1540)
Vers 1515-1520
Provient de l'église Sainte Maerie-Adeleine du couvent des Dominicians d'Augsbourg (?), reconstruite de 1513 à 1515.
Bois (tilleul), polychromie originale, base et partie avant des pieds restituées au 19e siècle
Département des Sculptures, RF 1338
« De grâce, ne faites pas de bruit, vous troubleriez l’extase dans laquelle je suis plongée.
Peut-être que, si vous m’approchez en silence, vous entendrez vous aussi cette musique céleste qui me fait joindre les mains et fermer les yeux. La légende ne raconte-t-elle pas que, retirée dans une grotte de la Sainte-Baume, en Provence où je vivais dans le dénuement pour expier mes péchés et pleurer sur le sacrifice de Jésus, j’eus le bonheur, chaque nuit, d’être emportée au Paradis par les anges ?
Regardez la beauté imaginée pour moi par ce talentueux sculpteur de la Renaissance. Il ignore tout de la réalité de mon apparence, car quinze siècles et une longue distance nous séparent.
Mes longs cheveux forment une spectaculaire cascade dorée qui me pare comme un manteau de gloire. Ils habillent ma nudité tout en soulignant la silhouette élancée, les longues jambes, la poitrine menue et la délicatesse des courbes dont il m’a gratifié.
La grâce de mon déhanché, ma féminité épanouie, le grain de ma peau nacrée et le rouge sur mes joues évoquent les fards dont j’ai jadis usé pour me rendre désirable. Aujourd’hui, je suis repentie.
Vous qui croyez admirer une beauté physique idéale, détrompez-vous, ce que vous voyez est en fait la représentation de la pureté de mon âme. »