Vénus, déesse romaine de l'Amour, et les Trois Grâces offrant des présents à une jeune fille
Alessandro Filipepi, dit Botticelli (Florence, vers 1445 - Florence, 1510)
Vers 1483-1485
Fresque peinte pour une chambre de la villa Lemmi (Chiasso dei Macerelli, près de Florence, Italie)
Département des Peintures, RF 321
« Quelque temps avant mon mariage, j’ai fait un rêve étrange… Si beau que je persiste à croire que c’est arrivé pour de vrai… Cupidon pourrait en témoigner, car il était à mes côtés.
Vénus m’a visitée, les trois Grâces à sa suite : Aglaé qui fait briller, Euphrosine qui rend le cœur joyeux, et Thalie qui fait fleurir et créer… Elles voulaient m’offrir… je ne sais plus… Je me souviens seulement que j’ai tendu un linge pour recevoir leurs présents, mais j’étais bien trop occupée à contempler leur beauté et les nuances extraordinaires de leurs quatre chevelures librement dénouées ! Cette sorte de blondeur, cultivée par les Vénitiennes, les auréolait si admirablement que je ne distinguais même plus leurs visages.
Je me suis surprise à dire : « Permettez-moi… Comment avez-vous fait ? J’ai usé moi aussi d’urine, de soleil et de bien d’autres procédés pour décolorer mes cheveux sans jamais atteindre une nuance si parfaite ! »
« Tes cheveux sont tout aussi beaux, mais tu dois désormais les tenir humblement sous cette coiffe, jeune promise », me dit alors Vénus. « Il viendra peut-être un jour où, sans craindre les prédicateurs qui veulent jeter les plus belles tenues, les miroirs et les cosmétiques dans leur Bûcher des vanités, chacun choisira sa coiffure et sa teinte à sa guise. Il ne sera plus seulement question de safran ou de jus de citron, et la beauté pourra s’exprimer sans limites. »
Lorsque je racontai ce rêve à mon futur époux, il en fit faire une fresque pour notre villa florentine au plus célèbre de nos peintres, le virtuose de la couleur Sandro Botticelli.
Et grâce à lui depuis, Vénus veille sur mes jours comme sur mes nuits. »